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En passant par Mada...
20 mai 2008

532 km...

    532 km. Antsirabe, c'est sympa, agréable, chouette,...ce qu'on veut, mais la mer... c'est loin. D'autant plus loin qu'une grande partie de la route est, soit défoncée par les pluies, soit en construction, par les chinois. On n'a pas encore réussi à déterminer quel était le pire. Au final, on passe entre 16 et 18 heures dans un taxi-brousse, sans grande liberté de mouvements, si ce n'est les yeux, bercés par les secousses causées par des petits nids de poules ou carrément des cratères béants dans lesquels on se glisse entièrement avant d'en ressortir, le coccyx brisé et le dos bien tassé. Je ne sais pas si vous imaginez ce qu'est un trajet en taxi-brousse. Faire parti de la quinzaine de pantins serrés là dedans est une expérience tour à tour amusante, voire agréable, puis d'un coup dangereuse et solitaire, et sur la fin interminable et pleine de souffrance. Bien souvent le chauffeur est seul pour assurer le trajet, d'une traite, sans repos ni sieste. Il est votre ami, vous lui voulez du bien, vous le surveillez du regard, vous lui demandez comment il va, s'il n'est pas trop fatigué, vous allumez ses clopes, beaucoup de clopes. Vous êtes aux petits soins, il est votre héros. Même si ce héros vous fait pleurer avec Garou et George Michael, à fond et en auto reverse... Des arrêts (très) fréquents jonchent les parcours de ces minis bus dont le chargement est parfois plus gros que le véhicule lui-même. Il y a toujours un gendarme à corrompre, des vessies à vider, des sacs à décharger où quelqu'un à prendre en cours de route, histoire d'amoindrir encore l'espace vital de chacun, d'apporter un petit plus de chaleur humaine pour finir de nous étouffer et... d'alourdir le porte feuille du chauffeur. Inutile de chercher le sommeil, vous ne le trouverez pas. Parfois, le temps d'un bouquin ou le long d'un paysage qui vaut le détour des pupilles, on oublie les désagréments de ce voyage qui, une fois au bout ne nous a finalement pas paru si long. Quand même, on n'a pas hâte au retour.

    Et tout ça pourquoi ? Pour aller admirer des baobabs, arbres sans âges regroupés dans ce coin ouest du pays, pour piquer une tête dans le canal du Mozambique sous 34 degrés, pour dévorer des brochettes de crevettes et du thon grillé et errer dans les rues de sable de Morondava en se demandant quel parfum aura notre prochain rhum. Rien que ça ! Deux journées de bonheur sans embûches. Même les 20 km à pied pour aller voir les baobabs nous ont paru faciles et agréables, le long de cette route, la même, toujours aussi démontée. Les gens riaient dans leurs véhicules en nous voyant sous le soleil à pied, recherchant l'ombre. On riait plus fort encore en les doublant plus loin, une roue à l'envers, pliée, la tête pleine de bosses et le cul dans le même état que la route. Une charrette à zébu nous a embarqué pour quelques bornes sympathiques mais assez chaotiques. Puis l'allée des baobabs, enfin, pour nous seuls puisqu'en ce jour de pentecôte tous pique-niquent je ne sais où mais pas parmi les géants. Un alignement invraisemblable, immobile et tout en hauteur d'arbres pluricentenaires que le soleil vient taper de plein fouet. L'écorce brille, se craquèle, mais en a vu d'autre. Témoin, l'un de ces colosses par terre qui a succombé au cyclone de février dernier. Des images plein la tête, quelques kilomètres encore, à bout de sandalettes, et un pick-up solidaire nous a embarqué jusqu'à l'hôtel moyennant un coup de main, il fallait décharger quelques trucs quelque part. Le chauffeur était missionnaire et américain, rien que ça ! Depuis 43 ans à Madagascar, rien que ça ! Le lendemain matin, nous revenions sur Antsirabe. On a mis 18 heures, rien que ça ! Seul George Michael chantait sa joie...

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Commentaires
B
Ca c'est du retour ! Merci Fanny. Certains feraient bien d'en prendre de la graine... de baobab. Sûr qu'on est petit face à eux. Mais le plus gros reste à venir. A suivre... Hasta Luego amigos.
F
aller, 18h de tape-cul + 20 km à pied, finalement c'est pas cher payé pour avoir le plaisir de contempler ces monuments historiques (et vivants)!<br /> Ca doit être impressionnant. Se sent-on humble et petit ou puissant et incroyablement chanceux devant ces géant?<br /> Votre aventure à Mada a vraiment l'air extraordinaire. Merci de nous la faire si bien partager. bises Fanny
En passant par Mada...
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