Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

En passant par Mada...

20 juin 2008

Manakara, deuxième !

Il y a deux ans on avait oublié Jojo à Manakara. Ou plutôt IL s'était oublié à Manakara. J'avais pris le train seul pendant 24 heures, à cause d'un petit déraillement, après quelques jours rock n' roll riches en éthanol. On ne s'était revu que deux semaines plus tard, à Antsirabe. Après enquête sur place, aucune trace ne subsiste encore de ce passage. Heureusement. Il faut dire que c'est avec bonheur mais avec une légère appréhension que je retournais dans cette ville au bord de l'océan indien, qu'on peut rejoindre par train en partant des hauts plateaux. Trajet magnifique, un peu long sur la fin, sur lequel tout peut arriver.

C'est donc incognito que nous avons pu apprécier ce séjour les pieds dans le sable et l'allemand assis à mes côtés dans ce train retour en est bien heureux, lui qui a déjà eu la joie de cuver son rhum dans les geôles Manakaraises, un soir obscur où il respirait la suspicion. Il faut dire qu'il est vraiment suspect cet allemand. Au premier jour du périple déjà, à Fianarantsoa, lieu de ralliement de l'expédition, j'avais trouvé quelques signes annonciateur d'une germanitude montante pendant le séjour. Là, dans ce train retour, il lit Brautigan, ce qui lui donne définitivement l'air louche. Pas pire que ces autres, là, sur les sièges d'à côté, que j'observe secoué à la fois par les mouvements du train et Back in Black, que j'ai dans les oreilles. En chœur, ils sortent leurs gros objectifs au moindre signe de misère, appuient sur les boutons, regardent, sourient, se plaignent, font coucou avec leurs mains, par dessus les vitres du wagon. Ils sont contents. Ils sont cons. Tout à l'heure ils distribueront des crayons dans les villages. Trois ou quatre stylos pour une ribambelle de gamins qui assureront le spectacle en se marchant dessus, tombant dans la boue (il pleut aujourd'hui), tirant sur le maudit crayon par les deux bouts pour se l'approprier. "Tu as vu comme ils se battent ?". Connasse. Et vas-y que je te photographie tout ça... Au prochain arrêt, on vivra la même certainement. Mais on est d'accord avec l'allemand, cette fois-ci on récupère tout avant le drame, crayons, appareils photos, appareils dentaires mêmes, pourquoi pas?, pour les leur carrer dans le... L'allemand, lui, en prime rajouterait bien la bouteille de bière qu'il vient de lyncher. Rigole pas l'allemand, encore moins avec la bière. C'est d'ailleurs ce qui m'a permis de lever tous mes doutes à son égard, quand à l'aller, dans chacun des villages où le serpent métallique s'arrêtait, il courait parmi les cases à la recherche de quelques litres du breuvage malté. Aussitôt décapsulées, aussitôt vides. Un rythme de Munichois en octobre. Toujours difficile de savoir ce qu'il a dans la tête mais on devine vite, très vite, ce qu'il a dans le sang. La route de Salina que chante Christophe flotte quelque part dans entre mes oreilles et me rappelle le précédent raid à Manakara. Je ne sais pas quelle douce mélodie allemande pourrait symboliser ce dernier séjour là-bas, je comptais sur mon acolyte teuton pour me guider mais je ne suis pas certain d'être éclaire de suite. Actuellement, il se frotte l'arrière train sur une barre de soutien, en équilibre sur le marche pied. Il faut chercher la raison de cette curieuse pratique dans sa rencontre avec des lémuriens, la veille, qui mettaient un point d'honneur à marquer leur territoire dans les arbres de cette manière. Cet allemand est sauvage, me dis je, en me remémorant ces cinq dernières journées passées en sa compagnie. Mister Fritz, comme on s'est plu à le surnommer, les a égayées par sa bonne humeur, ses jeux de mots sauce "berlin est", son amour de la bière et du ridicule. Le guide piroguier Mosa avec qui nous avons vogué sur le canal des pangalanes n'aurait pu rêver plus authentique touriste allemand : casquette protège nuque vissée en haut de son mètre quatre vingt dix, lunettes de soleil orangées et profilées, marcel, short, et tongs au couleur de son pays dans la main. J'espérais la complète chaussettes-sandalettes, mais déception, il n'ira pas jusque là. Manque de préparation je pense. Dommage, une peau blanche comme une mousse de bière et des courts cheveux blonds version Pilsener terminaient le portrait de la meilleure des façons. Quand on a vu ça, on peut aborder le choc des cultures sans aucun soucis, je vous assure.

Une balade en pirogue, patauger dans l'eau, manger au resto où regarder un match de foot sont autant d'occasions pour lui de mettre an avant des qualités sociales et intellectuelles qui font de lui le compagnon idéal de vos vacances. La commande d'un steak Fritz est quelque chose d'inoubliable, je vous prie de me croire!, une nuit dans la même chambre que cet homme au ronflement façon tyrolien et aux romantiques flatulences est un moment fort en échange. Avec lui le taux de conneries/minute explosent souvent hors de portée des sommets. Vivre un Autriche-Pologne avec ce mec est assez flippant. La France a perdu Ribéry?, on a gagné Mister Fritz !"Ich Liebe Dich" qu'il dit. Ouais, ben...doucement quand même pépère !! Il aime les animaux aussi. Quand il déclare vouloir se "faire un canard", le doute s'installe immédiatement dans votre esprit tellement cela est dit avec envie et énergie mais à la fois on perçoit une retenue nerveuse inquiétante et des tics apparaissent. On sait que c'est mauvais signe pour le canard, c'est tout. Il a tout de même réussi à attraper une poule pour l'hypnotiser. Inutile mais impressionnant. Enfin, il était content, quoi, et c'est ce qui compte. Je vous ai déjà parlé de sa rencontre avec les lémuriens, on ne va pas plus loin, il se frotte partout désormais. Il a un côté moqueur qui n'est pas fait pour me déplaire. De la bonne grosse vanne bavaroise à se taper la cuisse, du bon lourd foutage de gueule saxon, gratuit mais partagé. Deux heures à ses côtés dans une pirogue ont fini de me charmer. Nous venions de finir un repas riz-langoustes arrosé de THB, le tout sur des feuilles de bananiers. Les vapeurs de la bière, le balancement de la pirogue, je ne sais pas, la beauté environnante peut être, le tout sans doute, nous ont emporté dans un tourbillon de débilités aussi profondes que l'océan d'à côté que nous avons déversé par centaines dans le canal en regardant les pagaies plonger dans l'eau. Tout le monde était heureux sur cette pirogue, et ce n'était pas notre faute.

Manakara a encore une fois tenu ses promesses, nous offrant un séjour à base de langoustes hallucinogènes, de poissons hilarants et de rhums arrangés aussi nombreux que dérangeant. Un brin de laisser-aller, une dose de légèreté et une pincée germanique donc, devrait suffire à aborder le prochain weekend, le dernier d'ailleurs, pour cette fois-ci. Une poignée de Belges et une petite touche Malgache devraient venir se mêler à tout ça. Rajoutez une note parisienne, plutôt un sol, lourd mais chantant, pour allumer la mèche. Attendez...








Publicité
Publicité
3 juin 2008

Mahajunga, en vrac...

Au nord ouest de Madagascar, Mahajunga, son petit rythme, tranquille, sa corniche et ses joggers de l'aube, pompes et abdos, son port, ses pêcheurs, à bord de leurs pirogues à voile et qu'on aperçoit au large jusqu'au soleil couchant. Son phare, minuscule, son vieux baobab, énorme, ses vieux vahazas, énormes eux aussi parfois, tocards, toujours, flippés, souvent, son indien éfféminé, sans Candice j'y avais le droit, ses femmes en paréo et aux masques jaunâtres et craquelés, mélanges de terre et de plantes locales, ses hommes en djellabah. Ses mosquées et leurs appels à la prière, sa cathédrale, laide et carrée, dont l'horloge indique toujours onze heures moins cinq alors que c'est même pas l'heure de la messe. Tocards ceux là aussi. Ses rues larges et ensolleillées, quasi désertiques, où sont ils tous donc ? A ses moultes plages, pardi ! Longues et brûlantes, sur lesquelles vient glisser une eau chargée en sel, chaude mais rafraîchissante. Son soleil, son putain de soleil, qui te change un homme en écrevisse avant même que celui-ci ne l'ai aperçu, ses chapeaux, qu'on avait pas, ses fausses Ray Ban, quasi jetables, mais qui donne un genre. Son site géologique, le cirque rouge, impressionnant de couleurs. Son connard, italien, dans son hors-bord, quinze mètres du bord, presque parmi les nageurs, qui passe et repasse, les majeurs en l'air. Nous aussi on t'emmerde, trouduc ! Et on est plus nombreux. Et on a plus de doigt ! Ses poissons frits, ses camarons grillés, servis par un indien éfféminé, le même, très sympa, plus distant au travail, ses brochettes de poisson, succulentes, ses stands de "masikita" (brochettes de zébu) populaires et odorantes, qui envahissent la corniche une fois la grosse boule orange tombée dans l'eau. Les couleurs de son ciel, justement, vers 18 h, passant d'un jaune orangée à fleur d'océan, à un bleu pâle un peu plus haut, on ne sait trop comment ni pourquoi, mais qui donne un peu de romantisme à la THB. Sa boite de nuit, le "Shakira", et ses hôtesses par dizaines que reluquent les mêmes gros tocards blancs flippés, avec bave et gouttes de sueur, sa musique de mauvais goût et ses stromboscopes de merde. Sa petite île aussi, Katsepy, dont on a foulé le sable un bon quart d'heure. Ca aurait du être plus long mais nos informateurs ont été mauvais, voire ridicules. Trois informateurs, trois horaires de traversée différentes. Au final, rien à voir. Au final, un quart d'heure... Ses glaces au chocolat qu'ont un goût de fraise, ses pousse-pousse, moins insistants, plus confortables qu'à Antsirabe. Son vieux fort, qu'on a loupé, sa grande piscine, qu'on a vu de loin. Son alliance française et son tournoi d'échec soporifique. Et son serveur, voix agaçante, petit et chiant. Pas notre faute s'il n'a plus de THB ! Ce mec a insisté et s'est borné à vouloir nous refiler, comme si sa place en dépendait, une THB Light, un jus naturel ou encore un panaché bouteille. Taratata, pas de ça avec nous ! Un tocard de plus, on s'est dit. Son marché, le "bazar be", ses multicolores étals de fruits et d'artisanat malgache, ses négociations avec des vendeurs qui doivent penser qu'on rentre en avion cargo privé, qui veulent tout nous refourguer. Ses quartiers pauvres, très pauvres, miséreux, et sales, excentrés et à l'abri des regards, comme d'hab'. Sa route retour, d'où j'écrit ces mots, taxi brousse, 10 h pour Tana, bananiers, papayers, arbres à rafia et j'en passe... La savane aussi, enfin ça y ressemble. Ses maisons, construites avec la végétation environnante, à l'ombre desquelles le riz se prépare et fume. On nous regarde passer. Ca fait deux heures qu'on roule, la ville est loin derrière, on s'enfonce dans les terres, vers les hauts plateaux, une autre affaire, on va perdre une quinzaine de degrés en quelques heures. Pour l'instant, mes vertèbres se tassent un peu plus chaque minute, le soleil monte encore, il fait chaud. Nous avons passé un excellent week end, et j'ai envie de me baigner.

20 mai 2008

532 km...

    532 km. Antsirabe, c'est sympa, agréable, chouette,...ce qu'on veut, mais la mer... c'est loin. D'autant plus loin qu'une grande partie de la route est, soit défoncée par les pluies, soit en construction, par les chinois. On n'a pas encore réussi à déterminer quel était le pire. Au final, on passe entre 16 et 18 heures dans un taxi-brousse, sans grande liberté de mouvements, si ce n'est les yeux, bercés par les secousses causées par des petits nids de poules ou carrément des cratères béants dans lesquels on se glisse entièrement avant d'en ressortir, le coccyx brisé et le dos bien tassé. Je ne sais pas si vous imaginez ce qu'est un trajet en taxi-brousse. Faire parti de la quinzaine de pantins serrés là dedans est une expérience tour à tour amusante, voire agréable, puis d'un coup dangereuse et solitaire, et sur la fin interminable et pleine de souffrance. Bien souvent le chauffeur est seul pour assurer le trajet, d'une traite, sans repos ni sieste. Il est votre ami, vous lui voulez du bien, vous le surveillez du regard, vous lui demandez comment il va, s'il n'est pas trop fatigué, vous allumez ses clopes, beaucoup de clopes. Vous êtes aux petits soins, il est votre héros. Même si ce héros vous fait pleurer avec Garou et George Michael, à fond et en auto reverse... Des arrêts (très) fréquents jonchent les parcours de ces minis bus dont le chargement est parfois plus gros que le véhicule lui-même. Il y a toujours un gendarme à corrompre, des vessies à vider, des sacs à décharger où quelqu'un à prendre en cours de route, histoire d'amoindrir encore l'espace vital de chacun, d'apporter un petit plus de chaleur humaine pour finir de nous étouffer et... d'alourdir le porte feuille du chauffeur. Inutile de chercher le sommeil, vous ne le trouverez pas. Parfois, le temps d'un bouquin ou le long d'un paysage qui vaut le détour des pupilles, on oublie les désagréments de ce voyage qui, une fois au bout ne nous a finalement pas paru si long. Quand même, on n'a pas hâte au retour.

    Et tout ça pourquoi ? Pour aller admirer des baobabs, arbres sans âges regroupés dans ce coin ouest du pays, pour piquer une tête dans le canal du Mozambique sous 34 degrés, pour dévorer des brochettes de crevettes et du thon grillé et errer dans les rues de sable de Morondava en se demandant quel parfum aura notre prochain rhum. Rien que ça ! Deux journées de bonheur sans embûches. Même les 20 km à pied pour aller voir les baobabs nous ont paru faciles et agréables, le long de cette route, la même, toujours aussi démontée. Les gens riaient dans leurs véhicules en nous voyant sous le soleil à pied, recherchant l'ombre. On riait plus fort encore en les doublant plus loin, une roue à l'envers, pliée, la tête pleine de bosses et le cul dans le même état que la route. Une charrette à zébu nous a embarqué pour quelques bornes sympathiques mais assez chaotiques. Puis l'allée des baobabs, enfin, pour nous seuls puisqu'en ce jour de pentecôte tous pique-niquent je ne sais où mais pas parmi les géants. Un alignement invraisemblable, immobile et tout en hauteur d'arbres pluricentenaires que le soleil vient taper de plein fouet. L'écorce brille, se craquèle, mais en a vu d'autre. Témoin, l'un de ces colosses par terre qui a succombé au cyclone de février dernier. Des images plein la tête, quelques kilomètres encore, à bout de sandalettes, et un pick-up solidaire nous a embarqué jusqu'à l'hôtel moyennant un coup de main, il fallait décharger quelques trucs quelque part. Le chauffeur était missionnaire et américain, rien que ça ! Depuis 43 ans à Madagascar, rien que ça ! Le lendemain matin, nous revenions sur Antsirabe. On a mis 18 heures, rien que ça ! Seul George Michael chantait sa joie...

5 mai 2008

Joli mois de mai...

    Pour de bon, je crois que la saison des pluies est terminée ici. Nous entrons doucement dans l'hiver, le soleil est là, à peine voilé parfois par quelques nuages non menaçant, du début à la fin de la journée. Sa présence est d'autant plus agréable que les nuits sont fraîches sur les hauts plateaux. On a pu le vérifier, en ce long weekend, premier mai oblige, du côté de la région d'Itasy, à l'ouest de Tana, la capitale. De chaudes journées où la bière nous a heureusement rafraîchi et de fraîches nuits pendant lesquelles le rhum nous a réchauffé quelque peu. En compagnie de "nordistes", un couple de belges résidents et un lillois baroudeur, nous avons passé un excellent séjour à crapahuter dans les montagnes, à la recherche du plus haut sommet de la région ou plus simplement à la recherche de notre chemin, à déguster du foie gras local, à admirer des geysers ou une jolie cascade, à traverser des villages typiques des hauts plateaux où des ribambelles de gamins nous suivaient où nous guidaient vers nos objectifs en chantant, ou encore boire un coup dans des gargotes, assis parterre, à regarder défiler la vie du village... De bons moments, donc, à apprécier la douceur de vivre locale, dans un cadre montagneux, parfois proche de ce qu'on peut voir en Auvergne, à enchainer marches et pauses THB, routes et pistes défoncées, pétanques et apéros, nuits agitées et journées physiques...

  Je crois qu'on peut parler d'Equilibre concernant ces quelques jours. D'Equilibre linguistique également puisque nos compères belges parlent un malgache quasi parfait, depuis 5 ans qu'ils sont ici. Certes l'accent peut paraître douteux aux premiers mots mais on s'y fait assez vite, surtout les malgaches qui semblent bien les comprendre. Il faut savoir que sans eux, nous y serions sans doute encore, dans la montagne, à exécuter des travaux dans les rizières pour payer notre riz et continuer notre route. Non pas qu'on ne sache pas le malgache mais les quelques mots de notre léger vocabulaire ne permettent pas de longs échanges quand on est dans la brousse. Oh! notre ami lillois en connait bien quelques uns mais dès qu'il sort un mot c'est l'hilarité générale et on obtient que très peu d'infos sur le chemin à suivre où sur le prochain village. Donc voici un petit lexique de mots essentiels à une découverte de Madagascar en piéton pour ceux qui un jour voudrait y venir et souhaiterait prendre un peu d'avance. Ça peut aussi donner un peu d'exotisme à vos dimanches après midi, faire marrer votre épicier où encore impressionner une quelconque naïve de comptoir.

    Saluer : Salama, Manao ahoana,... comme vous voulez, demander à quelqu'un si ça va : Salama ve ? s'il vous répond salama tsara, c'est qu'il va bien. Vous voulez des nouvelles, demandez  Inona no vaovao ? généralement ils vous répondront Tsy misy vaovao !, rien de neuf !, Azafady pour s'excuser et s'il vous plait, misaotra pour remercier, dites "THB" pour signifier que vous avez soif et Toaka gasy pour signifier que vous voulez prendre une cuite sévère au rhum local et illégal. Si vraiment vous voulez faire bonne figure à ce niveau là, tentez un "M'ba omeo THB roa, azafady tompoko !". Lalana veut dire chemin, et dites aux enfants avant de passer à table, saosao ny tanana!!! et vous aurez des mains propres. Lancez  un petit  Ho aiza Jojo ? si vous avez perdu votre copain en prenant soin de prononcer Zozo et tsy mila si vous n'avez pas besoin de quelque chose qu'on vous propose, et c'est légion ici. Pour dire oui, un iiyéé suffira et pour refuser secouez la tête de gauche à droite en marmonnant un espèce de "hun hun !!". Sachant que la prononciation est complètement différente de l'écriture, il n'est pas certain que l'on vous comprenne tout de suite alors entraînez vous. Grand oral dans deux mois.

Veloma.


21 avril 2008

Wanted !

p1190002

  Difficile à trouver, parfois dur d'approche, capable de découvrir, d'extraire et de torturer vos points faibles, cet homme sait aussi se faire calin et douceur, rire et généreux, taquin et amical la plupart du temps. Quand même, quoi qu'on en dise ! Papa comblé et un peu...stone, apprenti bricoleur et heureux propriétaire d'une magnifique voiture bleue métallisée dont je ne dévoilerai ni le modèle, ni la marque, vous pourrez le trouver ce jour soit dans les bras de sa fille, soit dans la véranda, peut être même derrière un volant d'origine roumaine, où alors dans l'une des fameuses tranchées jouxtant sa maison. Tranchées destinées à lutter contre l'humidité ambiante et non, comme il l'aimerait à le croire parfois, se protéger contre tous ces "connards" environnant, qu'il pourrait appeler l'"humanité" ambiante.

    Alors, si vous l'approchez aujourd'hui, souhaitez lui, avec le sourire et en lui claquant une grosse bise, un bon anniversaire !  N'insistez pas sur les quelques cheveux blancs que l'on peut apercevoir par-ci, par-là, proposez lui un bon verre de vin et vous serez le bienvenu. Pour les bougies (n'en faites pas trop tout de même!) préférez un bon fromage de chèvre à un gateau plein de crème. Et s'il vous propose de le rejoindre dans la véranda, méfiez vous!, un retour n'est pas toujours envisageable...

    En guise de cadeau, dites vous que votre présence suffit. Un mauvais choix pourrait devenir vite vexant pour vous, voire invivable par la suite, il n'hésiterait pas alors à vous le faire savoir avec insistance.  En ce qui me concerne je ne me pose plus de question. Ca fait maintenant trois années de suite que je suis loin le 21 avril et qu'une petite pensée électronique, histoire de marquer le coup, suffit. Tiens, j'ai un doute maintenant... c'est peut être le 20 finalement... ou le 18... j'sais plus ! Non... c'est le 21 ! Oh et puis merde !

    Allez Marco, courage ! Bientôt, on fera la guerre dans tes tranchées, à lancer des canettes et des pierres sur des gens qu'on ne connait pas mais qui sont sans doute coupable. Ah merde!, j'oubliais, on a plus vingt ans ! Bon alors on boira des canettes en terrasse en attendant que les tranchées se fassent et en admirant des caméléons...

    Hasta Luego Hombre !!

Publicité
Publicité
14 avril 2008

Ca va la haut ?

C'est quand j'ai vu Odilon, l'un des deux pisteurs nous accompagnant ce dimanche matin, arriver avec sa machette à la main que j'ai pris pris la mesure de ce qui nous attendait. Nous savions que nous partions à la recherche de lémuriens propithèque, l'espèce la plus grande de la réserve mais cet outil donnait un aspect "aventure" que je n'espérais plus.

 

Nous étions arrivés deux jours plus tôt dans la région. La première nuit sur un matelas de paille de quelques centimètres d'épaisseur posé sur des palettes, recouverts d'une seule couverture un poil trop petite, la bible en allemand à disposition et quelques souris pour compagnie fut tout de même agréable au vu du trajet (très) peu confortable en taxi brousse. Même ce lit de l'hôtel Mimosa à Ambohimasoa était le bienvenu. Au petit matin, alors que le soleil faisait monter une brume épaisse des montagnes, nous trouvions un chauffeur pour nous conduire sur les 7 km nous séparant de notre objectif du weekend, à savoir la forêt d'Ialatsara.

 

Mise en gestion privée par l'état, cette forêt est donc entretenue par un couple franco-malgache qui en a fait son lieu de vie. Maison, bungalows, cabanons, étable, poullailer,...tout est de bois. Ils vivent en forêt, dans la forêt, pour la forêt. Reboiser la forêt est leur principale activité, avec la vente de bois et de charbon et les visites de la forêt naturelle proche. Ils préfèrent la hache à la tronçonneuse, le cheval au tracteur et le stop à la voiture. Beaucoup de projets sont en cours dont la création de machines à vapeur qui leur permettront de produire l'énergie nécessaire à leur travail et à leur vie de famille.  Accueillants, partageant leur table, ils vivent sereins dans cet endroit où la nature reste maître.

 

Les premiers lémuriens se pointèrent vers 9 heures, alors que nous discutions sous les eucalyptus autour d'un café les modalités et les tarifs de notre court séjour ici. Reconnaissance des lieux et balade occupaient notre matinée jusqu'à un délicieux repas à base de brochettes de zébu qui nous amenait tout naturellement à une sieste au milieu des arbres puisque le temps menaçant avait définitivement écarté la possibilité d'une randonnée pour l'après midi. Vivre en forêt en 2008 ne signifiant pas forcément être coupé du monde, je rejoignis plus tard le patron des lieux devant un match de Rugby de l'hémisphère sud, emmuré de bouquins, caché derrière la fumée de sa gauloise caporal, lui proposant une THB pendant que les premières gouttes tombaient. Les Sharks ont gagné. Le plus gros coup de tonnerre que nous n'ayons jamais entendu claqua juste alors que Candice et moi pénétrions dans la cabane des douches. Sursauts, petits cris réprimés, je crois que c'est nous que le ciel visait. Toilette vite expédiée à coup de seaux d'eau tièdes dans la nuit tombante, nous retrouvions nos hôtes tous armés de lampes frontales. Apéro, deux THB. L'orage nous montrait alors au loin sa puissance de feu, illuminant les bois à chaque éclair. Nous profitions qu'il s'éloignait pour aller observer quelques caméléons nocturnes qui dormait à queues enroulées dans les bambous et le lemurien microcebus, le plus petit de l'île, de la taille d'une grosse souris. Au retour, nous attendaient au milieu de bougies chancelantes un potage de patisson, un gratin de chouchou (tubercule local) et un crumble maison du tonnerre ! Un bon rhum au miel et à la pomme nous conduisit vers le bungalow pour une nuit douillette dans le silence de la forêt.

Le soleil montait et commençait sérieusement à se faire présent quand la machette fit donc son apparition, alors que nous approchions de la forêt naturelle avec Sylvain, le premier pisteur. Les eucalyptus étaient derrière nous et on surplombait toute une vallée verte et dense d'une végétation entremêlée et ne laissant entrer le soleil que par petits filets. C'était donc là que nous allions pénétrer. Un petit sifflement de Sylvain, une réponse venant de quelque part sur notre droite, je dis vers l'ouest, on me répond le sud. Bon. On se dirige vers le sud alors. Odilon les avaient repérés. Les propithèques, groupe 2. Allons-y ! Odilon coupait les bambous, lianes et tout ce qui le gênait, nous le suivions dans le silence, excités de voir sur quoi on allait tomber. En équilibre sur des bois morts, presque à ramper, la sueur nous coulant sur le visage, se contorsionnant parmi les toiles d'araignées, la concentration était de mise. Autant vous le dire tout de suite, la machette ne nous a servie que sur une vingtaine de mètres, la distance nous séparant des bestioles. Mais pendant ces vingts petits mètres, nous aurions pu tomber sur des Farc en Colombie, un anaconda dans l'Amazonie où un tigre du Bengale pour peu qu'on aie un peu d'imagination.  Le résultat ne se fit pas attendre. Nous arrivions face à face avec une de ces bestioles, le regard curieux mais un peu con, il faut le dire, à se dorer la pilule au soleil, étendant ses pattes et s'accrochant aux branches, et qui nous observait négligemment en balayant de la queue. Cette espèce est de couleur noire avec une tâche blanche sur le dos. Bel animal, c'est vrai, complètement inconscient de l'extinction de son espèce. Lui aussi surplombait la vallée. Trois photos et il s'en alla. Mouvements souples et dynamiques, parmi les branches. On l'aperçut plus loin avec deux de ses potes, sauter de branches en branches, partis sans doute honorer un autre rendez vous avec ces drôles de bêtes curieuses, au regard un peu con que sont ces bipèdes, là, en bas. Voilà. Court mais bon moment. La suite n'est que balade dans cette forêt magnifique, menacée - quelle forêt n'est pas en sursis ? - humide et fraiche. Orchidées sauvages, fougères, palmiers, tek, bambous, lianes et puits de lumière attirèrent notre attention deux heures durant. Un autre monde dans lequel on se sentirait assez bien. Tant qu'il y aura des guides...

Le point culminant du weekend étant passé, la suite n'est que banalités. Canard laqué excellent, addition à la mesure du séjour, dense et géant, adieux, stop, trois heures de trajet tranquille, les yeux sur la montagne, soupe chinoise et bilan. Bon bilan.

 




 

11 avril 2008

Drôle de faune

"Elle avait les mains aussi froides que celles d'un serpent", la phrase est rapportée par Guy, qu'il tient d'un vieux poète français dont le nom lui a échappé. On peut lui pardonner, à Guy, dit Guiton, d'avoir oublié ce genre de choses, après près de quarante ans passés à servir l'Alliance Française dans le monde entier. Ce retraité, à qui il est difficile de donner un âge et qui dégage une énergie débordante passe de dures journées à jouer au golf, taper le tarot ou encore s'occuper de ses conquêtes. Le reste du temps, il le passe dans les différents débits de boissons de la ville à raconter sa vie actuelle, tellement lassante. Sans problème d'affection, d'argent ou de conscience, ce mec déclare aimer Madagascar pour trois raisons essentielles : ses femmes, le coût de la vie locale et la passivité des autorités face à la conduite en état d'ébriété. Toujours une bonne phrase à sortir en toute circonstance et désormais loin de toute responsabilités ou engagement, ce que transmet cet homme heureux m'a plu immédiatement. On devrait se revoir... Mais Guiton n'est qu'un vahaza (étranger blanc) parmi d'autres. Beaucoup de types ont échoué et échouent encore ici. Chacun pour des raisons différentes, avec évidemment un vécu différent. Je peux citer Sam, jeune trentenaire ayant atterri à Antsirabe après quelques années de baroudage, dans son camion, à travers l'Europe et l'Afrique et qui tient aujourd'hui un restaurant ici, où encore Gilles, restaurateur également, beau gosse approchant la soixantaine, qui se balade aux bras d'une véritable bombe et qui aime l'anisette autant que les fondateurs de Pastis. Il y a aussi Fred et Julie, expatriés belges, ici depuis quelques années maintenant, très sympathiques et qui apportent leur joie de vivre à chaque rencontre ou encore Rocky, croisé il y a deux ans déjà et revu il y a peu, d'origine indienne mais toujours sans identité, coincé ici, apatride. Je ne peux oublier Jean Pierre, franco-malgache, qui ne sort jamais sans sa guitare, pour accompagner ses textes, souvent joliment tournés, contestataires, poétiques et pointes d'humour. La reconnaissance pointe pour lui. J'allais oublier Karine (excuse moi !), modèle d'abnégation et de courage qui depuis deux ans se bat pour sortir quelques ados des rues de la ville pour leur donner un avenir meilleur que ce qu'il leur était promis. Projet louable et bien fait, dans le bon sens je pense, qui aboutit aujourd'hui. Parfois tout ce petit monde aime  à se retrouver pour des soirées souvent (très) arrosées et tout ce qui s'y dit, s'y raconte ou s'y fait n'est pas toujours racontable et j'en tairai ici les détails. Quelques autres personnages errent aussi au milieu des pousse-pousse et de la foule Antsirabéenne, et je ne peux tous les citer ici. On en a connu quelques uns il y a deux ans, certain sont partis, d'autres disparus. Chacun à sa part de vie peu banale. Ces gens confirment tous l'idée que tout doit être vécu, intensément et sans regrets. Le but étant secondaire, la vérité n'existant pas. Si on y ajoute le passage de quelques voyageurs dont les récits agrémentés de rhum, parfois pathétiques, parfois passionnants, souvent exagérés, on peut donc croiser ici une faune de personnages aussi intéressants les uns que les autres. Ah! j'oubliais aussi les bienfaiteurs un peu casse-couilles, qui viennent t'emmerder avec leur éthique catho, te donner des leçons en faisant croire qu'ils aiment la bière et  qui du coup te donnent le droit d'être snob, parfois. Envers eux, bien sûr ! Et les malgaches dans tout ça ? Et bien ils sont quand même beaucoup plus nombreux que la poignée de personnes citées plus haut et les rencontres ne manquent pas non plus de ce côté là bien sûr. Ça fera l'objet  d'un autre  petit écrit plus tard. 

Pour l'instant, on s'apprête à quitter cette faune de fous pour en trouver une, plus sauvage et animale celle ci, à trois heures de taxi brousse au sud d'Antsirabe dans une portion de forêt primaire. Trois jours de verdure complète au bout du monde. Mais qui sait ?... On y trouvera peut être Guiton à la recherche de joueurs assez friqués pour les dépouiller au tarot et s'payer un rhum...

4 avril 2008

D'un bout à l'autre

    En sortant de chez nous, ce qui nous frappe d'abord, c'est le soleil. Mais littéralement, en traversant le chemin entre les rizières dans lesquelles quelques paysans coupent les derniers pieds de la précieuse plante, de l'eau jusqu'au genou, nos yeux se plissent encore malgré les grosses lunettes noires qui les cachent. Ca va un peu mieux lorsqu'on arrive sur la route nous menant vers le centre ville et que les premiers pusy-pusy nous proposent leurs services. On préfère y aller à pied malgré tout. Ou en bus. C'est selon. A pied c'est un peu long mais agréable. En bus, ca peut être aléatoire, on peut atterrir n'importe où sauf là on veut descendre. Après les pousse-pousse, nous essuyons tout au long de la route plusieurs salves de petits vendeurs de pommes, kakis, lampes frontales, souvenirs, encore des pusy-pusy, et autres trucs bizarres sans noms. Toujours des pusy-pusy. Non merci. Ils sont environ 6000 dans la ville à ce qu'on dit. On a trouvé la source, là où se confectionnent et se réparent ces deux-roues particuliers. Où plutôt l'une des sources car je pense qu'il y en a d'autres bien cachées pour alimenter le flux toujours continu et coloré de ces coureurs de fond infatigables.

    Après avoir passé le grand hôtel des Thermes, vieux bâtiment rappelant les colonies mais néanmoins d'un certain charme, on approche de l'Arche, établissement hautement fréquenté lors du dernier séjour et dans lequel dégustation de rhum, débats acharnés, grosses rigolades et musique locale se mélangeaient, et se mélange toujours je crois, d'une manière assez désordonnée et désinvolte. Puis on pénètre dans le poumon de la ville, Antsenakely, véritable fourmillière tout au long de la journée. Pendant environ trois cent mètres, s'engage un slalom parmi vélos, vendeurs, pusy-pusy, toujours, taxis et bus. Parcours pendant lequel l'odorat est mis en branle et titillé par des gaz d'échappements noirs et huileux, par des vapeurs de poisson frit, de brochettes de viande de zébu, de beignets, de café, le tout se mélangeant à celle de notre transpiration, laquelle commence à se faire pesante à ce stade du trajet. Alors, nous prenons à gauche, quittons le bitume pour la terre battue et nous dirigeons vers le quartier de Mahazina, lieu d'arrivée, dernière étape de  la marche. On nous salue beaucoup, on répond. Un peu moins. Plus on va, plus on nous connait. Et plus on nous connait, plus on se rapproche, moins les vendeurs tentent leur chance. Et c'est pas un mal parce qu'à ce niveau là ça fait déjà près de 45 min qu'on met  un pied devant l'autre indéfiniment. L'achat d'une bouteille d'eau se fait généralement dans la dernière ligne droite. Nous sommes à deux minutes du  bout et toujours les pusy-pusy tentent leur chance. En vain. C'est pas maintenant qu'on va craquer... Le foyer en vue, les premiers gamins nous reconnaissent, sourient, et nous saluent. Bonzour !!

    On y est. On vient de traverser la ville, d'un bout à l'autre, avec ses multiples obstacles, ce soleil écrasant, ses gens, sa misère et ses richesses. Une aventure, promis !Et la journée ne fait que commencer... Il nous faudra peut être refaire ce chemin encore deux ou trois fois aujourd'hui, allez savoir. Mais là, le pusy-pusy aura surement du boulot.

30 mars 2008

Du poisson !

Aujourd'hui dimanche, après midi tranquille, ensoleillée, à l'ombre d'un pin, canne à pêche entre les pieds, calée derrière une THB, à attendre à peine que le poisson morde. Petit étang qui appartient à une sorte de confrérie chrétienne et dans lequel on a eu le droit de titiller le pinouille en soudoyant le curé avec un bon Bordeaux. Tilapia et Blackbass ont fait notre bonheur, huit au total, pas plus grands qu'une souris mais contents d'être là, je pense. Ils attendent l'huile bouillante avec impatience, je l'ai vu dans leurs yeux. Ben ouais, la pêche. François nous a sorti du lit pour nous y emmener, on a cédé. Pas chose aisé pourtant, au lendemain de la fête de son quart de siècle où j'ai repris contact avec la bière malgache. La Three Horses Beer, ça ne s'invente pas. D'ailleurs j'ai repris contact avec pas mal de choses autre que la bière. Les petits nems et samoussas du petit marché, les pusy-pusy, les quelques mots qui me reviennent doucement, la monnaie locale, les taxi brousse minuscules, la misère et... Albertine, la grande Albertine, qui fidèle à elle même nous concocte un programme à sa façon, malgache, entre délires et hallucinations. Mais on s'accroche, on suit comme on peut et ça ne fait que démarrer...

Entre "revenir" et "clandestins", on hésite, pour l'instant. Et j'oubliais : l'avion a un peu secoué au dessus de l'océan indien. Oh non ! Pas les indiens...

Veloma.

26 mars 2008

Un petit tour de manège, m'sieur dame ?Ouvrez



Un petit tour de manège, m'sieur dame ?

Ouvrez grand les yeux, c'est parti...

A bientôt


Publicité
Publicité
En passant par Mada...
Publicité
Archives
Publicité